Les modèles de « croissance endogène » expliquent la croissance par des variables internes au modèle, et non par une variable exogène « inexpliquée » comme le progrès technique autonome. Ces théories sont apparues dans les années quatre-vingt, du fait de la remise en cause du modèle de Solow par P. Romer et R. Lucas (prix Nobel en 1995). Ces théories rejettent l’idée d’un épuisement naturel de la croissance, qui tendrait vers l’état stationnaire. En effet, la croissance peut se poursuivre indéfiniment soit en raison de l’existence de rendements croissants, soit grâce à des externalités positives :
- les facteurs de la croissance mis en avant par ces modèles, comme la technologie ou le capital humain, ne perdent pas leur efficacité au cours du temps, pas plus qu’ils ne « s’usent » contrairement au capital physique. Ils peuvent donc être accumulés, et ces facteurs gagnent en efficacité car ils ont des rendements croissants : il est plus facile d’acquérir de nouvelles connaissances si l’on possède déjà un stock élevé de connaissances. La croissance de pays au niveau technologique élevé et à la main d’œuvre qualifiée sera donc supérieure à celle de pays moins développés, ce qui expliquerait la divergence de la croissance au Nord et au Sud aujourd’hui.
- les externalités positives apparaissent dans la croissance quand les investissements d’un agent bénéficient à d’autres agents sans que cet effet donne lieu à une relation marchande. Ainsi, les investissements publics dans la recherche ou la santé ont des externalités positives, car ils améliorent le capital humain et les connaissances utilisées par les entreprises.
II existe trois catégories de modèles de croissance endogène, qui reposent sur la technologie, le capital humain ou les dépenses publiques. - Selon P. Romer, la croissance repose sur le caractère endogène du progrès technique, généré par les investissements dans la recherche-développement. En effet, les découvertes réalisées grâce à la recherche bénéficient à tous, donc ces investissements sont une source d’externalités positives.
- R. Lucas met en avant l’accumulation de capital humain dans l’explication de la croissance endogène, car c’est un facteur dont l’efficacité est cumulative (les compétences ne « s’usent » pas), et qui est source de rendements croissants.
- Selon R. Barro, le niveau de dépenses publiques est une source de croissance endogène, puisque les investissements publics entraînent des externalités positives, comme l’avait déjà remarqué A. Smith.
A. Beitone et alii, Economie, coll. Aide -mémoire, Sirey, 2005
Q1 : distinguez croissance exogène et croissance endogène.
Q2 : qu’est-ce que le capital humain ?
Q3 : qu’est-ce qu’une externalité ?
Q4 : pourquoi les investissements en recherche et développement [R & D] sont-ils sources d’externalités ?
Q5 : quelles sont, selon les théoriciens de la croissance endogène, les sources de la croissance ?
Q6 : les différences de PIB entre les économies vont-elles s’accroitre ou diminuer ? Pourquoi ?
Q7 : quels sont les relations entre investissement et croissance ?